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Être un pèlerin d’espérance… bienveillant !

Publié le 7 octobre 2024

Découvrez l’édito d’octobre de Mgr Jean-Marie Le Vert.

Il y a quelques semaines, le pape François nous a offert sa lettre guidant le Jubilé de 2025 : « L’espérance ne déçoit pas ». Un texte qui nous rappelle que l’espérance chrétienne est plus que pertinente aujourd’hui pour notre vie personnelle et pour le monde, et qui nous invite à être des « pèlerins d’espérance ». Il nous dit : « L’Esprit Saint, par sa présence permanente sur le chemin de l’Église, irradie la lumière de l’espérance sur les croyants : il la maintient allumée comme une torche qui ne s’éteint jamais pour donner soutien et vigueur à notre vie. […] Puisse la lumière de l’espérance chrétienne atteindre chacun comme message de l’amour de Dieu adressé à tous ! Puisse l’Église être un témoin fidèle de cette annonce dans toutes les parties du monde ! » (n° 4, 6).

Après notre rentrée, une nouvelle année s’ouvre devant nous, avec ses espérances et ses inquiétudes, et déjà sans doute ses joies et ses difficultés ! Que sera ce cru 2024-2025, où nous allons vivre le Jubilé et 1700ème anniversaire du Concile de Nicée, dont nous prions le Credo régulièrement chaque dimanche ? C’est encore le secret de Dieu… Pourtant, au milieu de tous les changements de lieux, de relations, d’activités… ou de toutes les routines, nous en sommes sûrs : cette année nouvelle sera remplie des bienfaits du Seigneur. Prêtres, diacres, consacrés, laïcs engagés dans le monde ou en Église, nous sommes tous appelés à relire régulièrement notre propre vie pour y découvrir l’action transformante de Dieu et l’espérance qui y est liée, même au sein de nos difficultés et de nos souffrances.

Et en même temps, au milieu de ces changements, l’Homme reste toujours un Homme, avec sa grandeur parce qu’il est à l’image de Dieu, et avec ses misères. Nous avons à promouvoir la première et à surmonter les secondes, en nous et autour de nous. Un tel enjeu n’est pas réservé aux grands de ce monde, aux gouvernants ou à ceux qui ont le pouvoir de l’argent… Chacun de nous y est impliqué, qu’il le veuille ou non, qu’il en ait conscience ou pas. C’est en nous et autour de nous, souvent par de simples actions, qui semblent parfois minimes ou insignifiantes, que se construit ou se détruit la grandeur de l’Homme. Notre sphère d’influence est sans doute limitée, mais elle existe quand même. Et dans cette sphère de proximité, nous avons chacun un rôle irremplaçable, puisque chaque être humain est unique. Pour ce qui compte vraiment dans la construction de notre monde proche, ce que nous ferons ou ne ferons pas, par libre choix ou par indifférence, personne d’autre ne pourra le faire à notre place… Et c’est vrai tout particulièrement en ce qui concerne la communion fraternelle et l’annonce du Christ, que nous avons à vivre dans l’espérance. Car la lumière de l’espérance, comme toute lumière, est à communiquer ; et l’Église est vivante quand elle annonce le Christ et qu’elle sert dans la communion fraternelle !

Au cours de cette nouvelle année comme dans les précédentes, nous allons côtoyer quotidiennement de nombreuses personnes. Puissent-elles ne pas passer près de nous aussi inaperçues et transparentes que l’air que nous respirons… cet air pourtant si merveilleux et qui nous fait vivre… Et si, comme « pèlerins d’espérance », nous décidions d’être des veilleurs attentifs à ce qui fait le quotidien de nos vies, pour y découvrir à la fois les signes de la présence de Dieu et la grandeur de l’être humain ? D’être des « veilleurs bienveillants », recherchant le bon et le bien ?

La bienveillance ! Quel mot puissant ! Vouloir le bien… bien voir… voir le bien… veiller au bien… éveiller au bien… Vouloir le bien, et non le mal, en refusant les ragots, la rancune et la jalousie ; bien voir, c’est-à-dire être attentif aux merveilles de Dieu dans nos vies ; voir le bien, le choisir en priorité, avant de se polariser ce qui ne va pas ; veiller au bien, au bien commun, au bien du prochain, au nôtre, comme on veille sur un feu pour éviter qu’il s’éteigne, le raviver et l’entretenir ; et éveiller au bien, être des apôtres de cette attitude de bienveillance… Voir en l’autre d’abord ses qualités avant de pointer ses défauts ou ce qui agace ; voir l’autre comme quelqu’un qui compte pour lui-même, et non comme quelque chose dont on peut se servir pour apporter simplement plaisir ou avantage ; voir en l’autre le bien pour que règne la confiance mutuelle. Et le faire tous ensemble, car seuls, nous n’irons pas loin.

L’Esprit que nous avons reçu à notre baptême et à notre confirmation est un Esprit de bienveillance : « Soyez les uns les autres dans une attitude de bienveillance », dit Paul (Col 3, 12). Dans le mot « bienveillance », il y a le mot « veille » : la veille est une attitude active ; celui qui veille ne s’endort pas sur ses certitudes, sur son savoir, sur son statut social, sur ses méfiances passées… Il est en veille. Il s’interroge encore pour savoir comment il peut être plus fidèle à l’Esprit qu’il a reçu. Sur quoi, sur qui voulons-nous veiller ? Sur quelle espérance ? Notre monde connaît des ténèbres terribles. La lumière de l’espérance peut les transpercer, si nous sommes des porteurs de la Lumière de Dieu. Que cette nouvelle année soit une année d’espérance pleine de bienveillance, afin de suivre au mieux les chemins où le Seigneur chemine avec nous. Je vous souhaite à tous une année lumineuse.

+ Jean-Marie Le Vert
Évêque auxiliaire de Bordeaux

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